L’éthique de la psychanalyse
Commentaire suivi du Séminaire VII de Jacques Lacan
Il n’y a pas de clinique psychanalytique possible sans éthique, c’est donc par une lecture commentée du Séminaire VII, L’éthique de la psychanalyse que nous orienterons cette année l’étude de la clinique des névroses. Ce Séminaire scande le cycle des séminaires cliniques de Jacques Lacan. « L’analyste doit payer quelque chose pour tenir sa fonction, il paie de mots – ses interprétations. Il paie de sa personne, en ceci que, par le transfert, il en est littéralement dépossédé. (…) Enfin, il faut qu’il paie d’un jugement concernant son action ».
L’hypothèse freudienne de l’inconscient suppose que l’action de l’homme a un sens caché. Malaise dans la civilisation nous rappelle que la sévérité du Surmoi est renforcée par le renoncement pulsionnel et qu’ainsi le sentiment de culpabilité est paradoxalement intensifié par la soumission à la loi morale. Si la première Éthique, celle d’Aristote propose une discipline du bonheur, par la voie de l’équilibre et de la vertu, dans la visée du « Souverain bien », Freud, dès ses premiers essais (L’esquisse d’une psychologie scientifique et la lettre à W. Fliess n° 52) montre que ce que le sujet recherche c’est à retrouver ce qui est, de toujours, déjà perdu : das Ding, la Chose originelle. Le Souverain bien, qui est das Ding, est un bien interdit et il n’y a pas d’autre bien. Une critique d’Aristote, de Saint-Augustin, de Kant et d’Hegel traverse ce Séminaire.
La psychanalyse a des effets thérapeutiques, mais elle n’est pas au service des biens, ni du souverain bien, ni du bien du sujet, ni de celui de l’autre, ni de celui de la cité ou de l’humanité. « Il n’y a pas d’autre bien que ce qui peut servir à payer le prix pour l’accès au désir. » La voie adaptative est une impasse et aussi celle de la promesse d’un accomplissement dans une génitalité oblative. « Il n’y a aucune raison que nous nous fassions les garants de la rêverie bourgeoise. Un peu plus de rigueur et de fermeté est exigible dans notre affrontement de la condition humaine… »
C’est une éthique du désir que nous propose Lacan : « Ma thèse est que la loi morale s’articule à la visée du réel en tant qu’il peut être la garantie de la Chose. » « Avez vous agi conformément au désir qui vous habite ? » Lacan nous propose de prendre dans une perspective de condition absolue, de jugement dernier, la révision de l’éthique à quoi mène la psychanalyse : le rapport de l’action au désir qui la mène. C’est en commentant Antigone de Sophocle que Lacan nous montre, avec l’action du désir pur, la dimension de l’expérience tragique de la vie.
Expérience qui pour tout un chacun peut prendre une coloration tragi-comique.
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