Le symptôme
La Conférence de Lacan intitulée « Le symptôme », à l’Université Columbia de New York en 1975 commence ainsi : « Dans l’analyse il y a quand même, il faut le dire, certains résultats. Ce n’est pas toujours ce qu’on attend : c’est parce qu’on a tort d’attendre, c’est ce qui fait la difficulté d’être analyste. »
Ces résultats de l’analyse portent sur le symptôme et Lacan rappelle dans le même texte que l’analyste ne saurait se satisfaire d’être silencieux car « il a des choses à dire à son analysant » et par ailleurs « le symptôme, ça résiste, ça n’est pas quelque chose qui s’en va tout seul. »
Depuis Freud nous traitons le symptôme comme une formation de l’inconscient, une formation de l’inconscient particulière puisqu’elle est permanente et se caractérise par sa répétition.
Le symptôme ainsi entendu conjoint la vérité et le réel, la vérité est ce qui le rend déchiffrable, interprétable, modifiable, et le réel est ce résidu qu’on retrouve à la fin de l’analyse comme ce qui insiste et se répète toujours sous la même forme.
Ce sont ces restes symptomatiques que Freud avait isolés à la fin de son oeuvre, et que nous considérons aujourd’hui comme le reste non traitable, auquel nous disons que le sujet a à s’identifier et à s’y reconnaître, son « Sinthome. » Une invention qui permet de supporter le réel comme impossible et hors sens.
Or les « choses que l’analyste a à dire à ses analysants » ne sont pas quelconques. Lacan le signalait dès le livre XI du Séminaire : « L’interprétation n’est pas ouverte à tous les sens. » En effet il s’agit avant tout de sevrer le symptôme de sens, ce qui est plus impératif encore dans les cas de psychose où l’inconscient opère à ciel ouvert : si nous nous repérons à partir du cas de Joyce, nous voyons que « l’invention psychotique », les solutions dont le sujet analysant se soutient, ne vont pas dans le sens du déchiffrage mais plutôt vers le chiffrage qui ferme la dérive du sens.
Nous pourrons nous appuyer dans le travail de cette année sur le texte de Jacques-Alain Miller paru dans Mental N°26, intitulé « Lire un symptôme », et qui donne la réponse à notre question : « Que fait-on du Symptôme, eh bien…. On le lit. »
Cette réponse nous amènera au cas par cas à développer ce que veut dire cet acte de lecture, dont la ponctuation et la coupure sont les éléments de base.
Liens vers les pages du thème :
Que faire du symptôme ?
Pour Eric Laurent,
Cette question même introduit un léger suspens, propre à la psychanalyse. Dans l’abord qui lui est propre, on ne se précipite pas pour épingler et classer le symptôme. On ne répond pas immédiatement en exposant la technique de traitement du dit symptôme. Pourtant le psychanalyste sait l’importance des taxinomies, s’est rompu à la clinique, et pense sa pratique comme une pragmatique. Il commence par entendre ce symptôme tel que le sujet le présente. Dans ce qui se dit, il tente de situer la façon particulière dont le sujet est embarrassé par cette présence. Comment cette chose énigmatique est entrée dans sa vie, l’importance qu’il lui donne etc… Il explore comment le sujet croit à son symptôme. A mesure que cette exploration a lieu, celui qui écoute vient compléter le symptôme, il devient le détenteur d’un savoir sur celui-ci. Le déchiffrement de ce savoir, bien qu’il vienne de l’écoute, aura lieu par les équivoques et les renvois de la langue propre au sujet. Cela suppose de traiter le symptôme comme une écriture. Comme le dit le titre du prochain Congrès de Tel-Aviv, il s’agit de « lire le symptôme ». Le « faire » est un « lire ».
Historique des conférences :
- 19 novembre 2011 – Eric Laurent, Paris
- 10 décembre 2011 – Marie-Hélène Blancard, Paris
- 14 janvier 2012 – Domenico Cosensa, Milan
- 4 février 2012 – Jean-Pierre Deffieux, Bordeaux
- 24 mars 2012 – Patricia Bosquin-Caroz, Bruxelles
- 12 mai 2012 – Serge Cottet, Paris
- 16 juin 2012 – Pierre Skriabine, Paris (Journée du CERCLE)