Édition 2024-2025

« Qui hais-tu ? » – Lecture de L’agressivité en psychanalyse, de Jacques Lacan

Lacan présente le texte « L’agressivité en psychanalyse » lors d’un congrès à Bruxelles en 1948. Nous sommes au sortir de la guerre, et déjà l’agressivité trouve d’autres voies pour s’exprimer.

Lacan s’écarte de la perspective phénoménologique et reprend le concept freudien de pulsion de mort auquel il donne une portée saisissante. Au-delà des relations du sujet à l’Autre, il saisit l’agressivité que le sujet retourne contre lui-même, contre sa propre altérité. Il fait de l’agressivité humaine un élément de structure car c’est dans l’Autre que le sujet se reconnaît d’abord et s’aliène. L’agressivité est corrélative du mode d’identification narcissique dont il déplie toutes les résonnances cliniques qui en font un propos d’une grande actualité.

La haine est un sentiment lucide, nous dit Lacan. Elle est donc liée à un savoir. L’amour, que nous rencontrons dans le précepte aimer son prochain comme soi-même, vient en second, afin de circonscrire la pulsion de mort. Cependant, cet amour ne recouvre jamais complètement la haine première, haine de l’Autre ou haine de soi.

Nous proposons cette année la lecture des cinq thèses de ce texte, et nous tâcherons de saisir ce qui conduira aux développements ultérieurs de Lacan, si propres à saisir le malaise contemporain.

Bibliographie non-exhaustive :

Lacan J., « L’agressivité en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 101-124.
Lacan J., « Le stade du miroir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 93-100.
Miller J.-A. (collectif), Le transfert négatif , Paris, Navarin / Seuil, 2005.
Lebovits-Quenehen A., Actualité de la haine, Paris, Navarin, 2020.
Ramirez A., Haine et pulsion de mort au XXIe siècle, Paris, L’Harmattan, 2019.
Bulletin de l’ACF en VLB, Accès no 19, L’objet de nos haines, Angers, 2016.