Extension de la Section Clinique de Rennes – 2024
Ceux que l’on nomme déficients
Ceux qui sont exclus de partout
Ceux que la haine tenaille
Durée: 3, 6 ou 9 heures
Dates : les vendredis 29/03/2024, 7/06/2024, 20/09/2024
Il est possible de s’inscrire à chacune des 3 dates séparément.
Horaires : de 13h30 à 16h30
Type d’action : Action de formation
Langue : Français
Responsable de la formation : Jean Luc Monnier / monnierj@orange.fr / 02 99 79 72 36.
Modalité d’entrée en formation :
- Première inscription : admission sur dossier après entretien avec un enseignant
- Réinscription : questionnaire d’évaluation avant la formation
Délai d’accès : Inscription possible jusqu’à 1 mois avant le début de chacun des trois modules de la formation.
Tarif de la formation :
Au titre de la formation permanente : 60 € par demi-journée ; 120 € pour deux demi-journées; 180 € pour les trois demi-journées
A titre individuel : 40 € par demi-journée ; 70 € pour deux demi-journées; 100 € pour les trois demi-journées
(Association loi 1901 non assujettie à la TVA).
Prérequis :
Pas de prérequis.
Public :
La formation s’adresse aussi bien aux travailleurs de la « santé mentale », psychiatres, médecins, psychologues, orthophonistes, etc. qu’aux psychanalystes eux-mêmes et aux universitaires intéressés par ce savoir particulier.
Accessibilité :
Nos formations peuvent être accessibles aux personnes en situation de handicap. Pour les personnes en situation de handicap, merci de contacter notre référent handicap Anne Colombel-Plouzennec au 06 87 49 32 18, afin de vous accompagner et vous orienter au mieux vos démarches et en fonction de vos besoins.
Objectif de la formation et objectifs pédagogiques
Objectif de la formation :Appréhender « Ceux que l’on nomme déficients », « Ceux qui sont exclus de partout » et « Ceux que la haine tenaille ».
Méthode pédagogique :
Introduction théorique et présentation de deux cas cliniques
Discussion entre les intervenants et les stagiaires
Contenu de la formation
Argument
Les institutions médicales, éducatives, médico-sociales reçoivent aujourd’hui des patients ou des « usagers » qui mettent leur personnel à rude épreuve. Qu’il s’agisse d’enfants, d’adolescents, d’adultes ou de personnes âgées, les symptômes et les difficultés subjectives laissent les professionnels dans un sentiment d’impuissance, voire de solitude lorsque la parole, le rappel de la loi ou le médicament ne suffisent plus.
La tâche qui incombe aux psychologues, et en général aux professionnels, est de plus en plus lourde : pris entre les différentes options thérapeutiques et les contraintes économiques de l’institution ils ont du mal à s’orienter dans leur pratique.
Or, il arrive de plus en plus que des patients gouvernés par la pulsion qui pousse à la jouissance immédiate ne puissent pas interpréter l’offre ou la demande de l’institution comme une aide, ils démissionnent ou passent à l’acte.
Les dispositifs éducatifs et thérapeutiques butent sur un impossible qui fait énigme :
quelque chose chez les patients se refuse à entrer dans le discours de l’Autre. Ils ne parviennent pas à se justifier autrement que par un « c’est plus fort que moi » ou « je ne sais pas pourquoi ».
Comment répondre à ces situations « d’urgence subjective » ?
Posons une hypothèse : l’insupportable que provoque, chez les praticiens, la « résistance » du patient est la résonance d’un impossible dont celui-ci est prisonnier.
La démarche clinique de la psychanalyse s’oriente à partir de ce qui est insupportable pour le sujet, soit le réel qui l’envahit ou le persécute selon les cas, et dont il ne parvient pas à se défendre.
Elle permet de repérer l’économie pulsionnelle qui détermine, pour chacun, sa façon particulière de faire lien avec l’Autre, de s’en débrancher ou de passer à l’acte. S’en déduit un dispositif de travail et de relation adapté à chaque cas et tenant compte des traits d’étrangeté que présente le patient. C’est ainsi que la psychanalyse se sert de ce qui fait symptôme comme levier.
Le pari clinique est de rejoindre le sujet là où l’individu ne peut dire ce qui lui arrive, en lui proposant une présence qui lui permette de contrer la pulsion de mort et de renouer avec le vivant à partir des détails de son lien aux objets, au corps et à l’Autre… L’essentiel étant que le dispositif réponde à la logique singulière du cas.
Patients et professionnels ont chance d’y trouver un traitement de l’angoisse permettant peut-être de moins subir l’insupportable et de mieux supporter l’impossible.
Programme :
Introduction de la formation
I -Ceux que l’on nomme déficients
Date : Vendredi 29/03/2024,
Enseignants : Alice Delarue RomainAubé Audrey Renault Thomas Kusmierzyk Ariane Oger Elise Rocheteau
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Objectifs du module : Sensibiliser les stagiaires aux enjeux psychiques liés à la déficience intellectuelle Apprendre à orienter la pratique clinique à partir de la logique structurale. Contenu : Dans les institutions qui accueillent des sujets déficients, enfants ou adultes, le désir du personnel s’épuise parfois sous l’impression que rien ne peut changer pour ces sujets qui restent figés sous ce signifiant « déficience ». Le manque d’évolution aux plans cognitif, langagier, relationnel et affectif, lasse des praticiens engagés dans l’éducation, la rééducation et toutes les activités pédagogiques entreprises aux fins d’une adaptation à la vie sociale. Il arrive aussi que le personnel craigne le surgissement de la sexualité chez des sujets qui semblent ne pas pouvoir s’inscrire dans un réglage pulsionnel malgré les limites imposées. Ladite déficience recouvre des causes diverses : chromosomiques, métaboliques, biologiques, périnatales, sociales et psychiques, etc., qui ont toutes un tel poids de réel qu’elles semblent réduire d’avance le sujet à l’impossibilité d’une intégration sociale, avec l’idéal d’autonomie que comporte cette visée. Le désir nécessaire à soutenir une pratique professionnelle vivante s’use dans la tentative réitérée de ritualiser des comportements. Nous proposons d’interpréter cet essoufflement comme symptôme d’une impasse logique. Infuser du rituel permet des effets de réglages comportementaux, mais ne suffit pas à produire la rencontre avec un sujet de la déficience, quel que soit le degré supposé de celle-ci. La psychanalyse peut offrir une boussole au praticien en trouant la portée du signifiant « déficient » sans pour autant nier la déficience au sens médical. Elle amène à lire les difficultés cognitives, relationnelles, et sexuelles des patients en interrogeant, au cas par cas, leur fonctionnement par rapport au langage. On constate par exemple que la difficulté cognitive et relationnelle tient à l’impossibilité de se faire représenter dans le discours, car une séparation ne s’est pas produite par rapport à l’Autre. Le sujet colle aux signifiants de l’Autre, d’où le manque d’autonomie invoqué dans les tableaux cliniques. Ce qui lui vient au corps n’est pas interprété, inscrit dans une histoire qu’il pourrait se fabriquer pour s’adresser à l’autre comme sujet d’un désir. Autrement dit le sujet se trouve sans l’appui d’un discours qui lui permette de se dégager d’un réel qui le laisse soumis au poids de ce qui le parle et l’agite. Aller à sa rencontre en tenant compte de la structure hors-sens de son monde peut permettre, sans l’angoisse du surgissement pulsionnel, de construire avec lui quelques solutions particulières, adaptées à son cas et donc à sa langue, pour s’avancer dans le lien social. La séance de travail permettra d’éclairer cet abord structural de la déficience en s’appuyant sur la clinique. |
II – Ceux qui sont exclus de partout
Vendredi 07/06/2024, de 13h30 à 16h30
Enseignants : Anne-Marie Le Mercier Noémie Jan Adeline Suanez Caroline Doucet Martine Marhadour Caroline Simon |
Objectifs du module : Permettre aux stagiaires de repérer les enjeux contemporains liés à la question de l’exclusion. Appréhender la question du lien social abordée par la psychanalyse lacanienne. Contenu : Tout groupe humain fabrique des exclus. Il se constitue en situant ceux qui ne font pas partie de son ensemble. Les institutions : école, lieux de soin ou d’éducation, services sociaux ou de santé, crèches ou EHPAD, lieux dédiés à la formation et à l’emploi etc., n’y dérogent pas puisque leurs missions respectives précisent les usagers auxquels elles s’adressent à l’exception de tous les autres. L’imaginaire contemporain, allié à la logique de spécialisation qu’induit le discours scientifique, laisse supposer que la multiplicité des lieux d’accueil ne devrait laisser personne en marge des programmes de soin et d’aide. Les faits contredisent cet idéal. L’ouvrage de René Lenoir sur « Les exclus » n’a pas perdu de son actualité. Mais lorsqu’il demande « pourquoi un pays parmi les plus riches du monde n’arrive-t-il pas à effacer les zones d’inadaptation et de pauvreté qu’il recèle ? », on aperçoit l’intérêt des coordonnées subjectives ouvrant sur une lecture structurale et non seulement sociologique de ce qui résiste à l’inclusion. Car il y a les exclus et ceux qui sont « exclus de partout ». Les institutions se sentent parfois mises en échec par des sujets dont la vie semble se résumer à un parcours d’exclusion. Ils semblent se débrouiller – consciemment ou non, pour se faire exclure en faisant infraction aux normes du groupe, ou en produisant, dans le passage à l’acte, ce qui fait effraction pour la cohérence et la sécurité de l’institution, suscitant sentiment d’impuissance et de rejet. Outre les éléments économiques et sociologiques, y aurait-il une logique permettant de saisir ce qui se passe pour un sujet exclu de partout ? Et que pourrions-nous en déduire pour une clinique en institution ? Lacan nous a donné quelques indications précises sur l’articulation entre la logique individuelle et la logique collective. Il part du fait que son être échappe à l’humain pris dans le langage. Dans le texte Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée, Lacan fait place à la décision intime de chaque sujet de s’inclure ou non dans le groupe. Celle-ci s’inscrit comme « réponse du réel » dans la suite de ce que chacun se raconte quant à la façon dont il a été ou non désiré, là où la cause de son existence lui échappe. Ainsi, certains se font paradoxalement être quelque chose ou quelqu’un avec ce seul recours d’un « être exclu », faute de pouvoir s’identifier, se reconnaître, se nommer, oeuvrer dans une institution (famille, école, travail, patrie…). Le pari de la psychanalyse est que le personnel d’une institution, averti de ce trou sur lequel se fonde l’existence de l’être parlant, puisse approcher chaque sujet, non à partir de la norme à laquelle il devrait correspondre, mais à partir de la façon dont il se constitue comme exception. Des cas cliniques permettront d’échanger sur la façon dont on peut converser avec celui ou celle qui est « exclu de partout ». |
III – Ceux que la haine tenaille
Vendredi 20/09/2024,
Enseignants : Jean Luc Monnier Jean-Noël Donnart Marion Marme Anne Colombel-Plouzennec Cécile Wojnarowski, Camille Poulain |
Objectifs du module : Permettre aux stagiaires de repérer les modalités actuelles de la haine. Contenu : La haine a toujours occupé les philosophes. Les platoniciens la corrèlent à une ignorance nuisant au jugement, Aristote souligne dans sa Rhétorique des passions qu’à la différence de celui qui est en colère « celui qui a de la haine veut entièrement la perte de la personne qu’il hait ». Descartes dans son Traité des passions de l’âme note que si l’amour peut être diversifié dans ses objets, la haine est une et vise toujours le même, soit ce qui sépare le sujet de l’autre, et elle n’est jamais sans tristesse. Spinoza, dans L’Éthique, la situe comme « la Tristesse accompagnée de l’idée d’une cause extérieure ». La psychanalyse éclaire le ressort de ce qu’ont observé les philosophes. Freud situe la haine dans son texte de 1915 « Pulsions et destin des pulsions » comme élément de la structure du sujet, la saisissant comme antérieure à l’amour et se soutenant de la nécessité de préserver le moi narcissique face aux excitations du monde extérieur. En 1925 dans « La négation » il précise cette thèse, l’articulant à « la fonction intellectuelle du jugement ». Mais Freud nous fait aussi repérer combien la haine collectivise facilement, suscitée par ce qu’il appelle dans « Malaise dans la civilisation », « la misère psychologique de la masse ». L’histoire le montre à travers les guerres, les pogroms, les génocides… Liée à la pulsion de mort, exacerbée par la jalousie, le sentiment de rabaissement ou le racisme, la haine est éprouvée par l’individu qu’elle tenaille intimement dans sa visée d’éradiquer l’autre, espérant se sentir enfin libre et sans division. Lacan, dès « Les Complexes familiaux » soutient la thèse freudienne et situe la haine dans le lien du sujet à l’autre. Au fil de son enseignement il oriente le statut de la Chose freudienne, l’objet intime – point aveugle dont se supporte la haine, de l’imaginaire vers le réel. En 1971 il fait de la haine « le seul sentiment lucide » – ce qu’il ne dit pas de l’amour, et dans son Séminaire XX il invente la « hainamoration ». Il nous sensibilise aussi à la force de la haine dans la civilisation. La haine se montre aujourd’hui sans voile, sans honte, s’adossant aux réseaux sociaux et aux groupes identitaires. Elle soutient ainsi les revendications passionnées d’exclusion d’autrui. Elle s’étale dans les reportages sur les homicides conjugaux ou racistes, le harcèlement, les attaques sous diverses formes, les attentats, les guerres… La morale, la religion, les techniques de développement personnel, proposent de porter remède à la haine en s’appuyant sur la loi, l’amour du prochain ou la bienveillance. Mais cette pédagogie ne suffit pas à contrer la pulsion de mort dans la volonté d’éradiquer en l’autre ce qui est éprouvé comme à la fois le plus étranger et le plus intime : sa jouissance. L’Institution qu’elle soit éducative, judiciaire ou thérapeutique est confrontée à cette haine projetée sur l’intolérable en l’autre. Il lui faut alors inventer au cas par cas comment subvertir le penchant au pire. La psychanalyse peut lui offrir un appui conceptuel et clinique.
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Organisation de la formation
Équipe pédagogique :
Les enseignants, médecins ou psychologues de formation, pratiquent la psychanalyse et sont membres de l’ECF et de l’AMP.
Les Coordinateurs-Enseignants pour la Section clinique de Rennes sont :
- Alice Delarue – alice_delarue@yahoo.fr
- Caroline Doucet – carolinedoucet35@gmail.com
- Pierre-Gilles Gueguen – pggueguen@orange.fr
- Jean Luc Monnier – monnierj@orange.fr
Les enseignants sont tous psychanalystes, membres de l’ECF et de l’AMP :
Alice Delarue
Caroline Doucet
Anne-Marie Lemercier
Jean Luc Monnier
Moyens pédagogiques et techniques :
- Accueil des inscrits dans une salle dédiée à la formation.
- Cours magistraux et exposés théoriques.
- Séminaires pratiques avec exposition et discussion de cas.
- Bibliographie recommandée.
- Mise à disposition de documents supports à la suite de la formation.
Dispositif de suivi de l’exécution de l’évaluation des résultats de la formation avec l’application Digiforma :
- Feuilles d’émargement.
- Formulaires d’évaluation de la formation :
- Évaluation des acquis : questionnaire
- Évaluation de la satisfaction :
- À la fin des journées de formation (à chaud).
- Après la formation (à froid).
- Certificat de réalisation de la formation.